Olivier Nottellet
Dossier mis à jour — 20/09/2023

Textes

L’absence si profonde qu’elle salit les miroirs

Texte d'Eugénie Zély
Produit par Documents d’artistes Auvergne-Rhône-Alpes avec le soutien de la Fondation de l’Olivier, 2024

Texte de Sarah Ihler-Meyer

In Histoires vraies, catalogue d'exposition, MAC VAL, Vitry-sur-Seine, 2023

Dérouter le langage, faire bégayer l'enchaînement des causes et des effets qui assurent l'intelligibilité d'un récit. C'est l'expérience que propose Olivier Nottellet : celle de l'instabilité de toute tentative de compréhension du monde, toujours recommencée, tâtonnante et incomplète. Le célèbre « I would prefer not to » du Bartleby de Herman Melville pourrait être son mode opératoire : soit l'ajournement de toute résolution et des oppositions binaires au profit d'une indétermination ouverte à toutes les hypothèses.

Cette expérience passe par des installations in situ où des dessins, préalablement consignés dans des carnets, s'échappent des feuilles de papier pour devenir peintures et sculptures. Ainsi, à la surface des murs, des pans de couleur se combinent et se fondent les uns dans les autres, tandis que des lignes nettes ou tremblées, évoquant des structures architecturales, des objets et des formes anthropomorphiques, sont englouties par des masses noires qui s'épanchent, s'écroulent, rebondissent ou éclatent. Bidimensionnelles, ces données graphiques et picturales sont prolongées dans l'espace réel par des artefacts liés au monde du travail et de la construction - chaises à roulettes, lampes de bureau, tables, équerres, étais, cloisons ajourées, etc. -, mis en scène telles des personnes en mauvaise posture. Agencés selon des principes incertains, ces éléments hétérogènes fonctionnent comme des fragments de scénarios au sens suspendu. C'est qu'il s'agit davantage d'amorces de récits que de narrations. Amorces qui mettent le corps et l'esprit en mouvement à travers des montages quasi cinétiques, où les vides et les pleins alternent comme des successions d'états invitant à parcourir l'espace ainsi reconfiguré. Du tracé au volume, tout semble ici sur le point de s'effondrer, comme maintenu dans un équilibre précaire qui ne cesse de repousser la catastrophe. Aussi le mouvement réel de nos corps se conjugue-t-il à des représentations chancelantes et des cheminements de pensée eux-mêmes titubants. Par ce biais, Olivier Nottellet nous fait percevoir la fragilité de nos constructions mentales et l'abîme sur lequel elles se fondent. Où pointe une certaine mélancolie sitôt contrebalancée par une forte dose d'absurde, notamment lorsqu'une page blanche se pend à une potence ou lorsque des chaises à roulettes sont prises dans les rangs serrés d'une course de lampes de bureau. Ainsi, les bâtiments dans lesquels intervient l'artiste deviennent des matrices à intrigues, à la fois tragiques et burlesques, qui affolent nos systèmes de perception et les rendent à leur fondamentale mobilité.

Et tout le tremblement

Texte de Vincent Brocvielle
Pour Sélest'Art, 19e biennale d'art contemporain, Sélestat, 2011

Texte de Claire Guézengar

In French connection, Blackjack editions, 2008

Texte d'Antonia Birnbaum

Berlin, 2016