Arièle Bonzon
Dossier mis à jour — 31/05/2016

L'innocence du lièvre dans la prairie

L'innocence du lièvre dans la prairie
Par Patrice Béghain, 2009

Ce sont des images très anciennes, d'un temps où régnait la concordance des règnes, lorsque l'humain, l'animal, le minéral et le végétal résonnaient de correspondances profondes et secrètes. De ce temps, de ce monde subsistent, sur le sable primordial, des empreintes, comme ce poisson, réel, irréel, vrai ou feint, enfoui pour échapper au prédateur qui menace. Arièle Bonzon, photographe, révélatrice donc, témoigne de cette innocence première, loin des bouchers et de la menace des pécheurs brutaux, quand les grands poissons, aujourd'hui prisonniers des aquariums, peuplaient seuls la mer, longtemps avant que les bateaux et leurs ancres rouillées ne viennent s'échouer. L'enfant, gardien grave et souverain du paradis perdu, nous guide vers ces rivages, nous aide à parcourir les vastes prairies fleuries où gîte le lièvre, au bord desquelles nous attendent le cheval étoilé et l'âne familier. Le temps du déluge est résolu ; d'autres cieux vont s'ouvrir. L'Arche de Noé nous ramène les créatures épargnées ; le dindon superbe ouvre la marche et la femme aux coquelicots nous porte le pavot des songes merveilleux. Le Temps se referme sur lui-même, comme l'arbre visible dans son reflet ; le monde qui a été est revenu ; le paradis est retrouvé.